J’ai enfin pris le temps de regarder Forte, le film de Katia Lewkowicz, qui aurait du sortir en salles en février 2020… Percuté par la crise sanitaire qui a entrainé la fermeture des cinémas, ce film n’est finalement jamais sorti en salle et a été diffusé directement sur Amazon Prime. Il est donc un peu passé à la trappe. Et c’est bien dommage.
J’avoue avoir regardé Forte pour de mauvaises raisons ; j’avoue avoir été trompée par le titre. Et cela me permet de mettre le doigt sur un biais dont j’ai été victime : Forte pour moi, ça voulait dire grosse. L’actrice principale Melha Bedia étant cataloguée dans les actrices plus size. Je m’attendais donc à voir un film qui parlait d’une grosse en lutte avec son poids. Comme d’habitude quand il s’agit d’un gros quoi.
Je copie colle un synopsis trouvé sur le site Internet Unifrance : “L’important, c’est d’être soi-même. Mais pour Nour, 20 kilos en trop et un bonnet en guise de coupe de cheveux, c’est compliqué ! Elle ne semble être une option pour aucun mec… Bien déterminée à enfin séduire, elle a trouvé la solution imparable : la Pole Dance. Avec l’aide d’une prof un peu particulière et de ses deux meilleurs amis tout aussi paumés qu’elle, Nour va surtout essayer d’apprendre à s’accepter.”
Nour se cherche, Nour aime, Nour aide ses amis, Nour danse . Point.
Bon. C’est ça mais c’est pas ça. Ce synopsis force le trait et ce n’est pas nécessaire et ce n’est pas fidèle au film. Certes, Nour est grosse mais, et ça fait du bien, elle vit avec et n’en parle pas toutes les 5 minutes. Elle n’est pas obnubilée par son poids. Il y a bien une scène dans laquelle elle essaie de faire une diète mais comme toutes les femmes, malheureusement.
Nour se cherche et c’est un synopsis suffisant. Nour est attachante et elle est entouré par des personnages tout aussi attachants, qui se cherchent également. Pour moi, c’est une chronique sur les personnes de cet âge. Il n’y a pas de messages assénés de façon lourdingues, pas de démonstrations, pas de tentatives d’être universel. Nour vit sa vie, entourée de sa famille, ses collègues, ses ami.e.s. Nour nous fait rire ou nous serre le cœur.
Et ça fait du bien. Il n’y a que trop peu de films qui ont pour héroïne un personnage gros sans que l’histoire ne soit centrée sur le poids. Alors de quoi Forte parle-t-il ? D’amour et d’amitié. De cette image de soi qui évolue. Et du chemin que chacun empreinte. C’est une jolie galerie de personnages. Chacun d’entre eux prononce à un moment au détour de rien de spécial, une phrase qui résonne comme une vérité qu’on accepte et qui libère.
C’est un film tout en douceur qui parle d’une fille forte parce qu’elle ose devenir ce qu’elle est. De sa quête pour y arriver. Il aurait été bien que Melha Bedia ait ce même rôle sans qu’il soit nécessaire de souligner son poids. ça n’aurait strictement rien changé au film. ça aurait juste permis qu’on comprenne que la fameuse girl next door s’appelle aussi Melha.
Je n’ai parlé d’aucun autre personnage parce que je les trouve tous barrés et attachants, il aurait fallu que je parle de tous. Je parlerai peut-être juste de Ramzy Bedia, le grand frère IRL dont le rôle n’a aucun sens ou intérêt et dont la présence dans le film ressemble à une malheureuse envie de garder sous tutelle cette soeur qui devient actrice.
J’ai adoré ce film. Et on suit l’héroïne qui souhaite faire du pôle danse. Voilà. Autour, plein de questions mais pas celles auxquelles on s’attend. L’habitude. Donc à voir et à revoir. On ne voit pas le temps passer.
Je le reverrai avec plaisir aussi