Début juin, je me suis enfin rendue dans la boutique Make My Lemonade et j’aurais vraiment du le faire bien plus tôt. L’aventure commence avec une obsession pour cette jupe :

J’adore ce tissu, j’adore le plissé. Il me la faut. J’aime la marque mais je ne suis pas au taquet des sorties alors… j’arrive trop tard. Quand je me rends sur le site Internet de Make My Lemonade, deux ou trois jours à peine après la sortie de la collection, elle est déjà en rupture de stock. Je ne m’inscris pas aux alertes pour être informée si une pièce redevient disponible. Je sais que là non plus, je ne serai de toute façon pas assez rapide alors autant ne pas ajouter de la frustration à la frustration. J’en reste là, dépitée.
Puis, quelques jours plus tard, mon cerveau se remet en marche et j’utilise enfin le bouton “Disponibilité boutique”. Et là, bonne pioche, il y a une jupe à ma taille disponible en boutique ! Bonheur.
La boutique Make My Lemonade n’est pas dans un quartier de Paris où je vais spontanément. Cela explique sûrement que je n’y sois encore jamais allée. Ce dimanche là, je me motive mais les transports et la météo jouent contre moi : le bus ne passe pas, le soleil a décidé de cogner fort, deux bonnes raisons pour rentrer chez moi. Après tout hein, ce n’est qu’une jupe, je ne vais pas braver le sort pour si peu. Heureusement, je procrastine à l’arrêt de bus pour profiter du banc pour passer des coups de fil. Miracle, un bus arrive ! Je monte et je file vers la jupe de mes rêves.
Une très jolie boutique où l’on est bien accueilli et qui permet de voir toute la collection Make My Lemonade
J’arrive quai de Valmy et tout n’est que bonheur. J’aperçois pourtant une longue file d’attente de loin mais heureusement, c’est pour la boutique d’à côté. Des glaces je crois. Je rentre donc immédiatement dans la boutique et la première chose qui me frappe est à quel point c’est joli.
La deuxième chose qui me frappe c’est que oui, j’ai raison d’insister lourdement pour que l’on ose le shopping en magasin quand on fait une grande taille parce que ce n’est vraiment pas pareil que sur le site Internet. J’ai l’impression de redécouvrir les vêtements que j’ai pourtant vus 100 fois sur le site. Et puis aussi, j’ai l’impression de redécouvrir la marque elle-même. Tout est si cohérent là sur place. Les couleurs, les coupes, le projet d’ensemble.
Ma jupe n’est pas disponible dans ma taille en rayon mais le vendeur, qui est arrivé exactement au bon moment, est si avenant que je n’ai pas de mal à lui dire ma taille, je n’y réfléchis même pas. Elle est disponible, comme prévu, je file l’essayer en cabine. Pendant que je traverse le magasin, une pensée furtive m’échappe. En ressortant de ma cabine, elle me revient : les clients ne sont pas gros.
Oui, cette remarque est bizarre. Mais ces derniers temps, j’ai exclusivement fait mes courses dans des boutiques spécialisées grandes tailles et je m’aperçois soudain que je n’ai plus l’habitude d’être mélangée avec des non gros (inversons les normes, définissons les eux par rapport à nous eh eh eh). Je suis donc au milieu des cabines pour me voir et je réalise que je n’ai pas le choix puisque les cabines n’ont pas de miroir. Bon euh, tout ce qui m’intéresse est de savoir si la jupe me va donc pas le temps pour gérer les éventuels regards des autres. Et guess what ? Les autres vivent leur vie en fait, je ne les intéresse pas.

La vendeuse me propose un t-shirt pour essayer avec la jupe, je décline parce que les t-shirts, c’est pas mon truc. Elle me dit que je verrai quand même mieux la jupe avec un t-shirt plutôt qu’avec mon autre robe relevée. J’accepte et j’admets qu’en plus, il me va bien ce filou de t-shirt. Je demande si une petite veste que j’avais repérée est disponible. Elle me dit oui mais pas dans votre taille mais je vais la chercher quand même. Je dis que c’est peine perdue. Elle me dit que non parce que ses collègues ont vu qu’elle passe souvent bien en taille inférieure. Je dis que ça ne marche jamais pour moi. Elle dit que on jugera sur pièce plutôt qu’avec des à priori et part.
Je reste debout au milieu des cabines en me disant que rien ne me fait me sentir mal à l’aise et l’idée d’aller attendre cachée dans la cabine ne m’effleure pas. Elle revient. J’essaie la veste en taille trop petite. J’admets mon erreur, la deuxième. Elle rit et me dit vous voyez, il faut toujours essayer. Et elle a tellement raison ! C’est tellement ça l’intérêt du shopping en magasin. Tester le sizing et se rendre compte de ce qui nous va vraiment ou non. Ce sera de plus utile pour retourner shopper online et minimiser les risques de retour pour mauvaise taille.
Je sors des cabines et prends le temps de faire le tour du magasin pour regarder, toucher les autres articles et le magasin lui-même parce que c’est un bonheur pour le regard un endroit aussi joli. Je me dirige vers les caisses en évitant de regarder de trop près la collection de boucles d’oreilles. En caisse, on retrouve facilement mon compte client alors que je n’avais shoppé qu’online jusque là. Bon point pour cette fluidité entre online et physique. Heureuse comme si j’avais reçu un bon point alors que ce n’est qu’un sticker, je sors du magasin ravie de cette expérience shopping qui s’est déroulée sans un seul accro.
Ma conclusion sur la boutique Make My Lemonade
– oui, on peut aller dans la boutique Make My Lemonade parce que c’est clairement une safe place. Pas un seul regard ou remarque déplacé des vendeurs, un vrai accompagnement dans le choix des vêtements sans me dire que euh non, ce modèle vaut mieux pas pour moi
– oui, quand on a été traumatisée par de mauvaises expériences en boutique, on peut fuir les enseignes non spécialisées plus size. Mais je pense qu’il faut faire confiance à cette boutique. Je fais l’hypothèse que cette boutique est pour une bonne partie des clients, une destination : ils sont là parce qu’ils sont venus spécifiquement pour ça, comme moi ce jour-là. Et s’ils se sont déplacés c’est qu’ils adhèrent aux valeurs de la marque. Ils savent que des grandes tailles sont disponibles et ne vont donc normalement pas trouver étrange qu’une personne grosse soit là. Pour ceux qui seraient entrés par hasard, je pense qu’on peut faire confiance aux vendeurs qui veillent dans les rayons et veillent dans les cabines pour intervenir en cas de problème
– oui, encore une fois, il faut aller en boutique ET demander de l’aide aux vendeurs pour pouvoir se laisser surprendre avec des vêtements que nous n’aurions même pas regardés toute seule parce que nous sommes empêtrées dans nos représentations de nous-mêmes
Pour finir de vous convaincre, je colle un extrait d’un article du Monde titré Les grandes tailles, ces exclues de la mode daté du 28 juin 2023
Make my Lemonade apporte pourtant un soin particulier à ses boutiques pour en faire une « safe-place », où tout le monde se sent à l’aise. Les fauteuils qui les meublent sont dépourvus d’accoudoirs pour éviter tout inconfort aux fortes corpulences. Les vendeuses sont formées en partenariat avec Gras politique, une association qui milite contre la grossophobie. « Pour déconstruire les partis pris », explique Lisa Gachet. Et toutes les tailles sont disponibles sur les portants pour essayer un vêtement dans sa taille sans avoir à solliciter une vendeuse. Car se voir répondre : « Taille 44 ? Attendez, je vais regarder en réserve ! », peut être perçu comme une « humiliation », juge Mme Gachet, rappelant que la lutte contre la grossophobie est un « combat quotidien ».
Boutique Make My Lemonade
61 quai de Valmy
75010 Paris
S’y rendre en bus fantôme qui file au vent 🙂